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Armes / Mains nues

Tentative de clarification des relations entre le travail des armes et le travail à mains nues en Aïkido : Le Riaï 理合い

Parmi ses modes d’application, l’Aïkido intègre le « Buki Waza », le travail des armes.

Il est donc essentiel pour le pratiquant et l’enseignant d’établir des liens entre le travail des armes et le travail à mains nues (Ri aï).


Nous avons coutume d’entendre dire ou de lire que l’Aïkido vient des armes et en particulier du sabre et de la lance. Même si c’est le cas, cette affirmation nous semble être réductrice et susceptible de générer quelques raccourcis pédagogiques fâcheux.


Une première remarque s’impose : se référer systématiquement aux armes pour expliquer l’Aïkido ne donne pas forcément de notre discipline une image de modernité, le syndrome du samouraï est malgré tout un peu dépassé.

Et surtout, justifier un geste technique à mains nues par le simple fait que ce geste est pratiqué aux armes (ken ou jo) ne relève pas d’un sens pédagogique très développé. Nous avons tous entendu ou même prononcé ce type de consignes : « Couper comme si on avait un ken… » ; « piquer comme au jo… » ; « ramener la main comme si on venait prendre son sabre... ». Ce sont des expressions à bannir du discours explicatif puisque à ce moment là précisément la pratique se fait à mains nues. Prendre ou utiliser un sabre qui n’existe pas pour « donner à vivre une situation » nous semble particulièrement incohérent. Ce type d’explication n’apporte rien et peut même générer de la confusion, voire de l’illusion.


Au-delà de cette affirmation : « l’Aïkido vient des armes », il nous parait intéressant et enrichissant pour la pratique et l’enseignement de considérer plutôt que les principes d’Aïkido (les Kihon) s’appliquent dans une multitude de situations, y compris aux armes. De ce fait ce n’est pas systématiquement le travail des armes qui va nous permettre de progresser à mains nues ; une sensation à mains nues peut aussi nous aider à « vivre pleinement » un exercice d’aiki-ken ou d’aïki-jo.


Comment peut-on caractériser les « recoupements » pouvant exister entre les deux formes de travail ?

Nous proposons d’utiliser la notion de « transfert ». Sans avoir la prétention d’être exhaustif, nous pouvons distinguer 3 types de transfert :

  1. Le transfert de principe

  2. Le transfert de structure

  3. Le transfert de geste

Le transfert de principe est le plus fréquent et le plus simple à illustrer. Il s’agit à mains nues puis aux armes (ou le contraire) de développer un ou des principes communs. Si l’on considère que le « Buki Waza » fait partie de l’Aïkido, ce type de transfert est systématique. Faut-il encore en être conscient et pouvoir l’expliciter.


Le transfert de structure met en commun plus que des principes. On parle de transfert de structure lorsque entre les 2 formes de travail il y a des similitudes significatives de déplacement, de trajectoire et/ou de construction.


Le transfert de geste semble plus limité. Le geste que l’on fait au ken ou au jo ne peut pas être parfaitement identique à celui réalisé à mains nues (ou inversement). Un geste exécuté « habilement » aux armes n’est pas forcément transposable à mains nues. Ce n’est pas parce qu’un geste semble maîtrisé au ken qu’il sera reproductible à l’identique à mains nues.


Le transfert de principe peut se faire dans des exercices ne présentant aucune autre similitude (structures ou gestes). A l’inverse un transfert de structure ou de geste est forcément associé à un ou plusieurs transfert(s) de principe.

Certains transferts relèveront des 3 types avec, malgré tout, une dominante correspondant à l’intention pédagogique de l’enseignant.


Bernard PALMIER

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